17 juin 2009

Objets principaux de recherche

A partir de mon travail de maîtrise, je me suis intéressée à la recherche urbaine, spécifiquement à une histoire sociale de la ville à travers l'étude monographique de la réalisation des autoconstructeurs bayonnais, du début de leur expérience en 1948 à la vie actuelle de la cité.

Mon parcours de recherche en DEA (Géographie: Sociétés, Amémangement et Territoires) et en thèse (Histoire contemporaine) s'est ensuite centré sur l'analyse des réalisations innovantes dans le domaine de l'habitat social et les processus actuels de leur patrimonialisation. Pour saisir la complexité des phénomènes urbains, mon analyse s'est située au carrefour de considérations sociales, politiques, économiques et urbanistiques, dans la veine des études urbaines. Cette approche mobilise des concepts et des méthodes de différentes sciences sociales, comme la géographie urbaine, la sociologie de l'action, mais aussi aux sciences de l'aménagement et de l'urbanisme, ou encore à l'architecture.

Enfin, j'ai élargi mon champ d'analyse en élaborant un projet de recherche post-doctorale financé par la Communauté d'Agglomération de Pau-Pyrénées traitant des politiques culturelles et de la "mise en patrimoine" des territoires. Entre recherche fondamentale et appliquée, je me suis donc attachée à l'analyse des transformations patrimoniales et des politiques publiques en ce domaine, incluant la dimension des dynamiques touristiques et commerciales, tout en portant une attention particulière aux projets urbains.


- L’histoire du logement social :

Le cœur problématique de mon travail de thèse portait sur le rôle du secteur coopératif dans la construction sociale de logement, quand l’utopie peut mener une action sur la ville. Il s'agissait d'éclairer l’histoire institutionnelle du logement populaire, puis social, au regard de réalisations originales, atypiques et marginales. Dans une mise en perspective sur du temps long, il s’agit de déterminer la naissance et l’évolution des idées politiques sur la notion de logement populaire, ouvrier et social, et comment ce cheminement se traduit ou pas dans les réalisations.

- Le mouvement des Castors :

Qu'ils soient autoconstructeurs ou coopérateurs, leur mobilisation vient éclairer d’un jour nouveau les conceptions de la lutte en faveur du droit au logement et à la ville: elle pose la question de la prise en compte des aspirations des habitants dans la conception de leur logement. L’analyse historique de ces mouvements sociaux nécessite selon moi une lecture interdisciplinaire légitimant un cadre conceptuel large, avec des liens privilégiés avec l’anthropologie et la sociologie. De plus, le mouvement des Castors m’imposait un jeu d’échelle important, le mouvement naissant d’initiatives locales, mais basées sur des revendications partagées de façon générale par les « mal lotis », avant de se structurer au niveau national.



Les autoconstructeurs Castors à la une d'un journal local de Pessac (banlieue bordelaise) en 1949


- La question (vaste) des gouvernances urbaines :

A la conjonction de ces deux premiers sujets, se pose la question de la légitimité des acteurs sur la ville et des liens qui les unissent ou les divisent. L’approche régionale et départementale a pris un tournant spécifique en cours de recherches sur de la notion de « modération ». En effet, mon terrain d’étude régional m’a amenée à m’intéresser aux politiques locales du logement, dans une mise en perspective sur le temps long (du XIXème au milieu du XXème siècle). Cette réflexion sur les spécificités de l’action politique dans l'espace sud-aquitain, qui, de la dissidence au compromis, a fait apparaître la notion de « modération », considérée ici moins comme une idéologie politique que comme une posture des hommes politiques locaux.


- Les processus de patrimonialisation de l’urbain :

L’entrée patrimoniale vient compléter l’histoire du logement. Elle pose aussi la question de la reconnaissance et de l’appropriation des réalisations urbaines, ainsi que celle de la mémoire des villes et de ses habitants. De l'habitat à l'habiter, c'est une histoire sociale et culturelle de la ville qui est d'abord en jeu. Puis, entre gentrification, réaffectation de sens, "recyclage" (V.Vescahmbre, 2007), ou institutionnalisation, les multiples processus de patrimonialisation de l'urbain constituent un des pans majeurs de mes recherches actuelles.





Maison type "Gratte-ciel" réhabilitée de la cité Le Corbusier à Pessac (33). Source: Julie Boustingorry, juin 2008


- La "mise en patrimoine" et les constructions territoriales :

A l'interface entre territoire, identité et culture, mes réflexions actuelles portent aussi sur les liens entre les patrimoines et les processus de construction territoriale. Mes analyses sont ainsi centrées sur les interactions entre la production territoriale, les dynamiques socio-économiques à l'oeuvre, et les aspects culturels et identitaires. Ces analyses sont menées avec une attention portée aux différentes échelles d'explication: au niveau local tout d'abord, puis dans leur inscription dans un projet plus global de territoire, ensuite dans leur mise en perspective dans le contexte national (voire international), et enfin leur insertion dans la mondialisation (notamment à travers une réflexion sur les labels Patrimoine Mondial de l'Humanité). Il est intéressant aussi de s'interroger à l'heure du développement durable sur les liens entre patrimoine et projet urbain, quand l'AVAP (Aire de Valorisation de l'Architecture et du Patrimoine) vient renouveler l'approche de la protection prônée dans la ZPPAUP.


Enfin, sans me départir de mon intérêt pour l'analyse du fait urbain, dans le cadre de l'élargissement du champ de mes recherches, je m'attache à l'analyse des territoires ruraux et, plus généralement, le renouvellement des rapports ville/nature, une distinction qu'il semble possible de dépasser.


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