Travail de thèse

Du logement populaire à l’habitat social, des réalisations innovantes à travers les expériences du castorat

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Thèse soutenue le 14 novembre 2008, sous la direction de M. Christian Thibon, Université de Pau et des Pays de l'Adour

Jury: Daniel Le Couëdic (Président du jury), Danièle Voldman (Rapporteur),Michel Messu (Rapporteur), Bruno Henri Vayssière, Sylvaine Lorinet et Christian Thibon (directeur de thèse).

En Aquitaine, les initiatives du castorat, mouvement coopératif polymorphe, se posent comme autant d’alternatives aux carences des politiques publiques, quand la société civile se charge de résoudre par elle-même le problème du logement. L’apparition d’un tel mouvement n’est pas étrangère à l’acuité du problème du logement, dans une région où l’industrialisation douce n’a pas autorisé de prise de conscience de la question sociale par les élites urbaines. La « nonchalance » aquitaine, dose à la fois de dissidence et d’autonomie, œuvre dans le sens d’une modération, facteur majeur de l’absence de tout municipalisme social, malgré la présence remarquable d’initiatives marginales et innovantes. Les Castors font émerger de leur mobilisation spontanée un nouveau modèle d’action coopératif, issu de leur opposition aux réalisations nationales, en lesquelles ils ne croient pas et ne se retrouvent pas.

Si l’échelle quantitative de leurs réalisations n’est pas importante au vu des constructions globales de la période de la Reconstruction et des Trente Glorieuses, leurs réalisations sont novatrices dans la portée humaine qu’elles impliquent : plus qu’un logement, c’est un mode d’habiter que prônent les Castors, centré autour de leur aspiration à la maison individuelle. Le cas des Castors aquitains, qui témoigne de la période que nous qualifierons de militante, reste l’illustration du temps des pionniers, des origines du mouvement. Des pionniers autoconstructeurs lors de la Reconstruction de 1945, palliatif utile et nécessaire, aux coopérateurs du temps des « chemins de grue », dissidents par rapport au choix étatique centré sur le collectif, ces expériences sont des réalisations atypiques promouvant la maison individuelle en accession à la propriété dans une période marquée par l’avènement de l’habitat collectif. Entre tradition et modernité, l’idéologie qui sous-tend la mise en place de ces coopératives laisse entrevoir une urbanité nouvelle, qui se ressource dans des sociabilités traditionnelles et fait apparaître des changements sociaux entre monde ouvrier et classe moyenne émergente. D’initiative privée et d’inspiration ouvrière, ces réussites urbaines s’affirment comme des mythes des Trente Glorieuses, participant d’un imaginaire de l’engagement collectif et communautaire pour un mieux-être. Traces visibles dans les paysages de nos villes contemporaines, les « petites maisons Castor » s’imposent comme des patrimoines à prendre en considération, une part négligée de la mémoire de nos villes.

Mots-clés : Aquitaine, industrialisation douce, dissidence, logement ouvrier, logement social, Reconstruction, autoconstruction, Castor, coopératives, patrimoine.